I - Introduction et définitions
II - Anatomie d’une opération de course
III - La flibuste française du XVIème au XVIIème siècle
En dehors des principales spécialités indispensables à bord : pilote, calfat, charpentier…, il fallait des hommes habiles aux manœuvres des armes, d'anciens soldats ou mieux à partir de la deuxième moitié du XVIIème siècle des boucaniers au tir précis et aguerris au milieu antillais.
Au cours des combats l'on utilise l'épée, la pique, l'arquebuse (qui disparaîtra au début du XVIIème siècle), le mousquet, puis le célèbre fusil flibustier.
Pendant tout le XVIème siècle et les débuts XVIIème, quand les expéditions partaient de France, deux routes étaient couramment empruntées. Celle que j'appellerais la " portugaise " (quoique le Portugal ait été sous domination espagnole de 1580 à 1640), la plus longue par les îles du Cap Vert, le Brésil d’où l'on gagnait ensuite la mer des Antilles. La seconde plus utilisée passait par les Canaries, puis en droiture jusqu'à l'archipel des Petites Antilles, très fréquenté par les Français (au moins depuis 1549) pour se reposer, caréner son navire, se procurer des vivres auprès des Indiens Caraïbes en attendant la bonne saison pour aller courir sus aux Espagnols.
Il faut souligner l'alliance qui s'était établie entre les différents aventuriers nord-européens (français, anglais, hollandais ) venant piller les Espagnols et les Indiens Caraïbes ennemis de ces derniers. Quand les Espagnols venaient se ravitailler en eau, faire du ballast dans les îles habitées par les Caraïbes, cela se terminait souvent en échauffourées, surtout en Dominique, Guadeloupe ou Saint Vincent et les Ibériques ne mettaient pied à terre que bien armés. Au contraire après s'être fait reconnaître comme " français ", " anglais " ou " hollandais " les nord-européens descendaient en toute liberté se mêler aux Indiens et procéder à des échanges.
Les flibustiers attendaient donc la bonne saison pour faire des prises, c'est-à-dire la période précédant le départ de la flotte des galions de retour vers l'Espagne en juillet. Alors de nombreux petits bâtiments convergeaient vers les ports d'embarquement : Carthagène et La Havane avec de nombreuses marchandises de prix.
Des Petites Antilles, deux possibilités s'offraient :
Par le sud avec les riches îles perlières de Cubagua et Margarita, les cuirs, le chocolat, le tabac des côtes vénézuéliennes, les émeraudes de Colombie et au Panama l'argent et les richesses du Pérou qui transitaient à dos de mules à travers l'isthme. Puis poursuivre la route, portés par les courants et les vents dominants le long de l'Amérique centrale vers le Mexique et l'ouest des grandes Antilles.
Ou par le nord vers les grandes Antilles, Porto Rico, Saint Domingue ses cuirs, son sucre, ses plantes médicinales, son tabac, Cuba et les richesses extraites du Mexique ou d'Asie (et qui arrivaient d'Asie par le galion de Manille).
Puis c'était le chemin de retour par le détroit de Floride et le Gulf-Stream.
Au retour d'expédition, le butin est présenté devant l'autorité qui a délivré l'autorisation d'armer et normalement la présence de deux prisonniers et des papiers saisis sur la prise est requise. Mais la loi n'est pas toujours respectée. Si l'amiral ou le gouverneur plus tard l'adjuge de bonne prise, la cargaison est alors vendue et l'amiral touche alors son dixième. Puis viennent ensuite les différents " investisseurs " : bourgeois, victuailleurs, principaux de l'équipage puis une petite partie restante pouvait être attribuée à l'équipage. Lequel était également autorisé à emporter un peu de pacotille pour faire des échanges avec les indigènes pour son propre compte... Dans la flibuste antillaise, les montages financiers plus simplifiés permettaient à l'équipage de toucher une somme plus importante. Il avait même été mis sur pied une sorte de système de compensation pour les victimes des combats ; pour un œil perdu tant de pièces de huit (la monnaie en argent espagnole qui servait alors de référence) ou d'esclaves, pour un bras c'était tant…