Flibuste et Trésors

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Flibuste, piraterie et trésors archéologiques sous-marins

Jean-Pierre MOREAU

Trésors archéologiques sous-marins des Petites Antilles

I - Définitions

II - Le patrimoine immergé lié aux civilisations précolombiennes

A Dans les eaux douces

B Sous la mer

III - Le patrimoine immergé lié à la civilisation européenne

IV - Du naufrage au site archéologique

A Raisons de type documentaires : imprécision des archives

B Raisons de type physico-chimiques

V - Analyse du patrimoine archéologique sous-marin de Guadeloupe et de Martinique

A Les circonstances conduisant au naufrage d\’un bâtiment

B Localisation des sites

C Nationalités et types de bâtiments naufragés

D Typologie des bâtiments naufragés

VI - Législation sur la protection des biens culturels immergés : que faire en cas de découverte ?

VII - Intérêts scientifique et muséologique de ce patrimoine immergé

VIII - Mes propres travaux : à la recherche de la nef capitane du Marquis de Montesclaros

A Histoire du naufrage et des tentatives de sauvetage au XVIIème siècle

B Problématique de la recherche

C Les missions effectuées

IX - Mes projets

X - Une page récréative : Le trésor de l'île de la Dominique

Bibliographie succincte

Sur l'archéologie sous-marine

Sur l'archéologie sous-marine des Petites Antilles



X - Une page récréative : Le trésor de l'île de la Dominique

L'île de la Dominique est située entre la Guadeloupe et la Martinique : elle fut découverte par Christophe Colomb lors de son deuxième voyage en Amérique en novembre 1493. L'île est alors peuplée par les Indiens Caraïbes, peuple de guerriers et grands navigateurs qui défendent farouchement leurs territoires ; ils organisent même des raids contre les colonies espagnoles de Porto Rico au nord et jusqu'au Venezuela et les côtes de Guyane au sud.

La flotte espagnole prendra très tôt l'habitude, après avoir franchi l'Atlantique, de faire escale sur l'île pour se ravitailler en eau avant de poursuivre sa route vers la Nouvelle Espagne ou la côte de Terre Ferme. Très tôt également (la première attestation date de 1549 avec Menjouyn de la Cabane, le français), des flibustiers nord-européens viennent également se ravitailler sur l'île.

En dehors de quelques malheureuses tentatives de colonisation et de flottes attaquées au passage, l'île ne retient guère l'attention de la royauté espagnole jusqu'à l'année 1584.

Arrivent alors simultanément jusqu'au Conseil des Indes les dépositions de deux témoins oculaires, anciens prisonniers des Caraïbes et qui affirment qu'il s'y trouve une grotte remplie d'or, d'argent et de bijoux.

Le premier témoin est une femme : Luisa Navarrete dite " négresse libre " de Porto Rico, capturée lors d'un de ces raids indiens sur l'île de Porto Rico (pour se procurer de la main d'œuvre esclave pour la culture du manioc, des biens et des épouses de second rang, sans oublier des captifs amérindiens pour les rites anthropophagiques). Après plusieurs années de captivité comme épouse d'un chef, elle parviendra à s'enfuir lors d’une nouvelle incursion caraïbe en territoire espagnol.

Le second témoignage est celui d'un capitaine espagnol Francisco Perea, fait prisonnier par les Indiens au niveau de l'île de Vieques (près de Porto Rico) et qui parvint à s'enfuir en pirogue.

Leurs dires concordent tout à fait. Ils ont vu ce trésor de barres d'argent " aussi haut qu'un homme monté sur un cheval ".

D'après ce qu'ils ont pu comprendre auprès des Caraïbes, il proviendrait de bâtiments espagnols naufragés il y bien longtemps sans aucun survivant puisque les seuls rescapés auraient été achevés à coup de flèches, puis les Indiens auraient transporté la cargaison précieuse dans une grotte.

Le capitaine espagnol pense pouvoir affirmer d'après les marques sur les pièces d'argent qu'il s'agit de la flotte de Juan Menendez fils de Pédro Menendez de Aviles, partie de Cuba, prise dans un cyclone et dont on n'a jamais eu de nouvelles depuis 1563.



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Sitôt informée de l'existence de ce trésor, la royauté espagnole ordonne aux autorités de Porto Rico de faire parvenir un rapport plus complet et de proposer des solutions pour le récupérer. Le temps passe, il n'y a plus rien dans les archives à ce sujet jusqu'à la fin du XVIème siècle. Un particulier demande alors l'octroi d'une concession pour aller le récupérer. Ce qui atteste apparemment que rien n'a encore été entrepris. Puis plus rien de nouveau. On ne saura jamais ce qu'il est advenu du trésor...


Fin du premier quart du XVIIème siècle, les Français et les Anglais commencent à s'emparer des principales îles de l'archipel, mais la Dominique restera, par le traité de 1660 sous domination caraïbe. Ce n'est qu'en 1763 qu'elle tombera dans le giron britannique et en 1978 qu'elle deviendra indépendante. Seul peuple de la Caraïbe a avoir survécu à l'expansion européenne, une petite communauté occupe de nos jours la partie nord-est de l'île.

Si le trésor a disparu des archives, il est toujours présent dans les légendes insulaires. A Roseau, capitale de l'île, autour d'un petit verre de punch à la tombée du jour, on vous parlera volontiers dans un savoureux créole mâtiné d'anglais de cette mystérieuse grotte remplie d'or, d'argent et de bijoux, mais dont l'entrée est gardée par un immense serpent qui dévore tout ceux qui veulent y pénétrer.

Alors avis aux amateurs !

Bibliographie succincte

    Sur l'archéologie sous-marine

    • Bass, Georges : Archéologie sous-marine, 4000 ans d'histoire maritime, Paris 1972.
    • Blot, Jean-Yves : L'archéologie sous-marine, Paris 1988.
    • Gianfrotta, Piero ; Pomey Patrice : L'archéologie sous la mer, histoire, techniques, découvertes, Paris 1981.
    • UNESCO :
      • L'archéologie subaquatique, Paris 1973.
      • La sauvegarde du patrimoine subaquatique, Paris 1984.

    Sur l'archéologie sous-marine des Petites Antilles

    • Moreau Jean-Pierre : Guide des trésors archéologiques des Petites Antilles d'après les archives anglaises, espagnoles, françaises des XVIème, XVIIème, XVIIIème siècles, Clamart 1988.

    sommaire de l'article


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    avec les remerciements à Geneviève PLANTON-ROTTIER pour sa collaboration